Quercyrail
En décembre 1984 se forme l’association “Régiorail“, structure qui organise des voyages auprès de chemins de fer touristiques en France et même à l’étranger. Son objectif est l’organisation de Trains Touristiques ainsi que la sauvegarde du patrimoine de la ligne reliant Cahors et Capdenac en cherchant à retarder au maximum son abandon total suite à la fermeture au trafic voyageurs le 26 septembre 1980. (NB: la portion Prayssac-Cahors a été déclassée en 1980 puis déposée)
Son activité débute le 17 juin 1985 avec la mise en place d’un premier “Tour du Lot” triangulaire en effectuant le parcours Cahors – Capdenac – Rocamadour – Brive La Gaillarde, et retour à Cahors avec du matériel autorail affrété par la S.N.C.F. La rame est formée de deux autorails X2800 encadrant une remorque XR6000; cette dernière avec les 1° classes aménagées en voiture-bar et sono pour l’animation, annonces, commentaires sur le trajet. Composition qui évite les manœuvres de rebroussement à Capdenac, Brive puis Cahors.
L’intérêt touristique de la ligne de Cahors à Capdenac n’est pas à démontrer ; celle-ci parcourt la Vallée du Lot dans des sites remarquables, offre de nombreux points de vue sur des ouvrages d’art superbes et sur des villages pittoresques. Tout était réuni pour que ces circulations soient couronnés de succès et le concept du train touristique qui vise à faire découvrir une région selon des aspects bien différents que celui de la route, est une fois de plus vérifié.
L’association utilisa alors les recettes des premiers voyages pour acheter du matériel autorail en cours de réforme à ce moment là, et qui deviendra plus tard de véritables pièces de collection. En novembre 1985, son choix se porta sur l’X2425 qui était l’un des sept derniers autorails X2400 du dépôt de Rennes. Il fut rejoint par la remorque Decauville XR8232 du centre de Toulouse. La Rame à Grands Parcours bimoteur X2709 radiée le 28 novembre 1986 au dépôt de Bordeaux vint rejoindre le parc. Ces matériels (de couleurs vert et crème) nommés TEE “Trans Europ Express” reliaient Bordeaux à Lyon et Genève en serpentant à travers le Massif Central, d’où leur appellation “Lézards Verts” . A partir de ce moment là, ces autorails remplacèrent le matériel affrété auprès de la S.N.C.F sur les “Tours du Lot”.
Le 14 Juillet 1986, pour fêter le centenaire de la ligne, un train à vapeur mené par la 141TD740 circula sur la ligne avec un succès grandiose, déplaçant des foules, sur le train et tout le trajet. Par la suite, il y aura une circulation d’un train à vapeur tous les 14-Juillet jusqu’en 2003.
Toutefois, en 1989, la SNCF annonce son intention de fermer la ligne Cahors-Capdenac au trafic marchandises. Cette décision est mise en application le 1er octobre 1989, et la ligne devient “voie non exploitée en service régulier”. A partir de ce moment là, seuls les trains spéciaux organisés par diverses associations circulent sur la ligne pour faire des “voyages d’adieu”. Grâce à des négociations, la S.N.C.F accepte de laisser provisoirement la ligne en état pour permettre ces circulations et la continuité de la prestation du Quercyrail.
A la fin de la saison estivale 1990, la S.N.C.F décide la neutralisation de la ligne. Au niveau technique, cela signifie la mise hors service par mesure d’économie de tous les équipements de sécurité comme certains passages à niveau automatiques ou la signalisation et l’arrêt de l’entretien de l’infrastructure. Pour éviter que la ligne soit livrée aux ronces, à l’oubli et à la ruine, l’Association Quercyrail® continue ses efforts pour éviter qu’elle soit déclassée et déposée, étape ultime dans le processus de démantèlement. Les négociations engagées avec la S.N.C.F permettent d’interrompre le démontage des installations de sécurité et le “pillage” de l’infrastructure. Par ailleurs, les aiguillages d’entrée qui permettent d’accéder à la ligne à ces deux bifurcations, depuis le réseau ferré national, restent en place et fonctionnelles. Fait rare: Quercyrail utilise les gares de Cahors et Capdenac comme têtes de pont. La réactivation de la ligne est donc encore possible… Par exemple grâce à notre intervention les aiguillages de croisement ont pu être réinstallés à Cajarc. L’Alliance du rail et de l’eau
les écluses abandonnées depuis 1926 sur le Lot sont rénovées. En effet, il est décidé de convertir le Lot en voie touristique avec des pénichettes comme sur le canal du Midi. Malgré les crues qui peuvent poser des problèmes en fin de printemps et même aux débuts de l’été, les touristes sont nombreux à découvrir la Vallée du Lot au fil de l’eau de Luzech à St-Cirq-Lapopie soit sur une soixantaine de kilomètres.
l’association est autorisée par le Ministère des Transports à faire circuler des trains touristiques sur la ligne de Cahors à Capdenac à la suite de longs pourparlers.
En 1993, la voie ferrée qui ne voit plus de trains réguliers circuler va connaître une seconde vie. En effet, Quercyrail® a signé une convention avec la S.N.C.F et les Conseils Généraux du Lot et de l’Aveyron. La ligne est mise à disposition des deux départements qui confient l’exploitation et l’entretien de la voie à l’association Quercyrail®. Celle-ci se retrouve en charge de la plus longue ligne touristique de France. La SNCF a pour mission de contrôler l’état de l’infrastructure et d’entretenir les passages à niveau automatiques ; elle encaisse une redevance pour ces prestations ainsi que pour la location annuelle de la ligne. Fait rare dans l’histoire des chemins de fer touristiques, Quercyrail® sauvegarde une ligne dans son intégralité et est autorisée à pénétrer dans les emprises SNCF à Cahors et à Capdenac permettant des départs depuis ces gares S.N.C.F. Après quelques travaux de remise en service de l’infrastructure effectués dans la joie par les bénévoles, les premiers Quercyrail circulent sur un parcours limité à Cahors – Cajarc, avec des variantes pour offrir un choix à nos passagers. Et s’adapte également à des souhaits particuliers de groupes (rallyes sportifs, mariages, scolaires, sorties évènementielles, réunions à bord avec arrêts sur sites, voyages gastronomiques, etc.) .. Ainsi depuis 1993, de mai à octobre (puis toute l’année, à la demande, offrant ainsi un tourisme des “quatre saisons”) , le klaxon du Train Touristique Quercyrail résonne dans cette belle Vallée du Lot. Les participants apprécient les arrêts-photos, grâce à des fenêtres de vision aménagées dans la végétation, au droit des sites les plus remarquables de la Vallée s’imprègnent du charme de cette ligne qui fait à saute-mouton avec la rivière. Il leur est possible de jumeler croisière sur le Lot et voyage en train : L’ALLIANCE DU RAIL ET DE L’EAU est de nouveau une réalité ! C’est ” Lot au Rail ” .
Régiorail adopte le nom de son train touristique: Quercyrail®.
Quercyrail poursuit ses activités en achetant du matériel supplémentaire pour faire face à une demande croissante et à la fatigue du matériel acquis dix ans auparavant.
Quercyrail® est la première association à acheter un autorail de type Caravelle (l’X4511) qui vient d’être retiré du service SNCF en prévision de l’arrivée du matériel T.E.R de nouvelle génération. Cet autorail étant très intéressant pour le service touristique (grandes baies) il est décidé d’en acheter un deuxième (l’X4519). De plus, on acquiert un “picasso” : l’X3825 . Dès lors, l’Association Quercyrail® dispose, en ajoutant le parc acquis au début de l’exploitation, de cinq autorails et d’une remorque ; curieusement, les autorails Caravelles sont les plus modernes et la R.G.P est de loin l’autorail le plus confortable qui ait circulé sur cette ligne ! Comme le dit son sigle : c’est une Rame Grand Parcours. Sans omettre le matériel de “service” : deux draisines, wagon citerne, wagon postal, locotracteur, gros engin de débroussaillage le diesel-gyrobroyeur, etc.
L’Association Quercyrail® est constituée de bénévoles, mais a également créé plusieurs emplois, puisqu’elle a recruté trois salariés à plein temps et un ou deux saisonniers qui sont indispensables car les bénévoles ne peuvent pas tout assumer ; il faut du personnel pour tenir la permanence et pour travailler sur la voie et entretenir le matériel. Depuis 1997, dans le cadre de la séparation entre l’exploitant et le gestionnaire d’infrastructure créé à cette époque Réseau Ferré de France (R.F.F), la ligne Cahors-Capdenac est devenue propriété de cet établissement public qui n’a pas décidé de la céder à l’association ou au département, souhaitant ainsi se réserver la possibilité de la rouvrir notamment pour le passage des trains de fret. Des tractations restent en cours pour la mettre à disposition du Département. L’Association négociait avec lui, et avec SNCF/RFF pour les conditions d’affermage de la ligne pour l’exploitation touristique ; la SNCF restant notre sous-traitant pour la maintenance des passages à niveau automatique, elle chargée de veiller à ce que le matériel roulant et la voie respectent les normes de sécurité . Elle vérifiait que nos bénévoles soient bien aptes à la conduite et à l’accompagnement des trains par un examen médical et psychologique, comme pour les agents SNCF. Elle percevait aussi une redevance importante pour l’ensemble de ces prestations. Et avec la création de RFF = un second “loyer”.
En 1997, un autre chemin de fer touristique sera créé au nord du département du Lot entre Martel et St-Denis-Près-Martel (ancienne transversale Sarlat – St-Denis-Près-Martel) par l’association du Chemin de Fer Touristique du Haut Quercy sur 6 kilomètres :le “Truffadou”. Malheureusement, cette année-là, la construction de l’autoroute A20 (Paris) – Vierzon – Montauban – (Toulouse) a coupé la ligne à la hauteur de Souillac et l’aiguillage donnant accès à la gare de Souillac a été démonté depuis longtemps. Néanmoins, les rails sont encore en place sur la courte section Martel – Souillac(et à l’abandon) où on trouve le très beau viaduc de Bramefond.
De l’automne 2000 à l’été 2003, la construction de l’autoroute A20 toucha la Vallée du Lot avec les travaux de la section Cahors-nord – Cahors-sud. Celle-ci traverse la Vallée du Lot sur un grand viaduc autoroutier à proximité d’Arcambal. Si les circulations des trains touristiques n’ont pas été affectées (l’édification du pont au dessus de la ligne ayant été effectuée en dehors des périodes de circulation), plusieurs convois de fret classés “exceptionnels” ont circulé sur la ligne au printemps 2002 grâce à Quercyrail pour acheminer les poutres de ce viaduc autoroutier de Cahors jusqu’au chantier, qui n’auraient pu emprunter la route… Reconnaissants, les responsables des A.S.F. ont affrété plusieurs trains avec nous pour faire visiter le chantier et découvrir également les attraits de la Ligne .
le programme de circulation des trains touristiques Quercyrail® sur la ligne Cahors-Capdenac était établi en fonction des réservations. Il s’agissait soit de circulations régulières durant la saison estivale avec un programme fixe mais très varié, soit à la demande pour les groupes. Pendant les vacances d’été, il circulait un à deux trains par jour sur la ligne au départ de Cahors et 3 trains par semaine au départ de Capdenac (sauf le dimanche). La présence simultanée de deux trains en mouvement était réglée par des instructions impératives au personnel assurant la sécurité à bord.
Alors que le carnet de réservation pour l’année 2004 était déjà bien rempli, la S.N.C.F exigea que 1000 traverses (sur les 120 000 que comporte la ligne) soient changées pour donner l’autorisation de circulation. Cela représente un investissement de plus de 100 000 € , que notre association n’était pas en mesure d’assumer seule… et ne peut tout de même pas endosser les charges du propriétaire en se substituant à des entreprises nationales.
Pour la première fois depuis la reprise de la Ligne, toute une saison sera annulée (alors que le carnet des réservations était quasiment complet) en attendant que les négociations avec l’ensemble des partenaires de l’association aboutissent. Les mois d’avril, mai et juin 2004 ont été émaillés par de nombreuses tables rondes, entrevues, rencontres, contacts, campagne de presse au cours desquels l’équipe dirigeante a été constamment sur la brèche. Les promesses financières des collectivités locales et de l’État devaient permettre le changement des 1000 traverses demandé par la S.N.C.F. mais il n’y a pas eu de suite. Tout ce qui pouvait être espéré était la constitution pour l’avenir d’un réel projet de développement sur le long terme. Le dernier train touristique Quercyrail circula le 28 décembre 2003.
Fin mars 2006, l’autorail X2425 et la RGP X2709/XR7719 rejoignirent le Chemin de ferdu Haut-Forez (CFHF) de la Loire pour entamer une troisième vie. Le matériel non indispensable à une repriseéventuelle de l’exploitation touristique fut mis à disposition ou vendu à d’autres associations en fonction des offres, car son immobilisation posait de nombreuses difficultés liées notamment au vandalisme
L’avenir de la ligne Cahors-Capdenac passe inévitablement par le développement d’une activité touristique sauvegardant l’un des plus beaux fleurons du patrimoine industriel et ferroviaire national. Aujourd’hui, l’Association Quercyrail® continue de se battre pour que le projet qu’elle porte depuis plus de 20 ans soit pérennisé sur le long terme… Dans cet esprit nous avons multiplié les démarches, réunions, contacts pour élaborer une possibilité de relance et mettre sur pieds, et sur rails, un “projet nouveau”.
Mais en juin 2011, Réseau Ferré de France décida le déclassement et la fermeture de la ligne à tout trafic. Depuis, nous avons fait plusieurs propositions pour relancer l’activité au moins sur une portion de ligne avec notamment des vélorails, conscients de la nécessité impérieuse d’éviter le déferrement de la ligne. Nous avions envisagé de relier la plateforme d’Arcambal à celle de Cajarc, puis nous nous sommes repliés sur un parcours plus réduit: de Cajarc à Tour-de-Faure avec desserte de Saint-Cirq-Lapopie et visite du Château de Cenevières, couplé avec une croisière fluviale et une “rando” sur le chemin de halage.
Cependant, l’absence de volonté politique (la ligne est sur à cheval sur le territoire de deux communautés de communes, le Grand Cahors et le Grand Figeac), les lourds investissements nécessaires pour relancer une activité ferroviaire et les changements d’élus (élections municipales de 2014, départementales et régionales de 2015) ont compromis les prises de décision. La ligne fut laissée à l’abandon et le matériel roulant de l’association s’est dégradé avec le temps et les actes de vandalisme. Des actions de défrichages ponctuels ont été régulièrement menées par les bénévoles jusqu’en septembre 2016, date à laquelle l’association s’est vu notifier par SNCF-Réseau l’interdiction de circuler sur la ligne. Excepté ces activités, quelques circulations de la draisine de reconnaissance et l’évacuation du matériel dégradé de l’association vers des chantiers de démolition ou d’autres chemins de fer touristiques lorsqu’une réutilisation était possible, aucune autre circulation n’a été effectuée depuis décembre 2003. Dès 2012, l’idée de créer une voie verte a émergé chez certains élus. Après de nombreuses prises de positions des pro-train et des pro-voie verte, le conseil départemental s’est positionné pour une “voie verte” de Douelle/Cahors à Vers, voire jusqu’à Capdenac (!). En 2018, plusieurs collectivités s’associent pour créer le syndicat mixte des Voies vertes du Lot, qui réunit le Département du Lot, la communauté d’agglomération du Grand Cahors, la communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne, la communauté de communes du Grand Figeac, la communauté de communes de la Vallée du Lot et du Vignoble, les communes de Cénevières et Saint-Martin-Labouval. Cette entité couvre ainsi toutes les communes traversées par la ligne.
Aujourd’hui, les cars de substitution, affrétés par le service public régional “LiO” circulent toujours entre Cahors et Figeac. On compte cinq allers-retours dont un voyage prolongé jusqu’à Capdenac. Il y a aussi deux allers-retours partiels entre Cahors et Tour-de-Faure et un aller-retour partiel de Figeac à Tour-de-Faure. La desserte est assurée par des autocars modernes et climatisés de 50 places. Toutefois, utilisés surtout par les scolaires, ils sont plutôt désertés par les habitants de la Vallée du Lot qui préfèrent utiliser leur véhicules personnels. Le trajet Cahors-Figeac s’effectue avec les bus en environ 1h30.
Aujourd’hui, Quercyrail n’est plus en mesure de porter seule un projet ferroviaire sur la ligne Cahors-Capdenac, la SNCF, toujours propriétaire de la ligne, ne souhaitant pas contractualiser avec une association. Nous continuons cependant de porter la voix des partisans du retour du train dans la vallée, dont l’intérêt touristique n’est plus à démontrer. Dans l’attente de décisions claires sur le devenir de la ligne, Quercyrail reste un acteur incontournable, forte de la connaissance parfaite de la Ligne et de ses attraits. L’association reste propriétaire de l’autorail Picasso X3825 (mis récemment à disposition et transformé par un restaurateur de Cajarc) ainsi que d’une draisine.